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Il y a dix ans, Facebook acquérait WhatsApp pour 19,6 milliards de dollars, suscitant craintes et scepticisme. Une décennie après, l’application de messagerie montre qu’elle a su préserver son essence malgré les controverses.
Il y a exactement dix ans, Facebook annonçait l’acquisition de WhatsApp pour la somme colossale de 19,6 milliards de dollars. Cette nouvelle avait ébranlé le monde numérique pour diverses raisons, notamment en raison de la réputation douteuse de Facebook en matière de confidentialité et de gestion des données, ainsi que de son usage intensif de la publicité, ce qui contrariait les principes fondamentaux de WhatsApp et ce que tout le monde appréciait jusqu’alors dans l’application.
Les médias en ligne et les communautés n’avaient pas été cléments concernant cet achat, critiquant la vente, scrutant les promesses de Facebook et se montrant généralement pessimistes quant à l’avenir de WhatsApp. En tant qu’utilisateur de WhatsApp et utilisateur forcé de Facebook (un ami avait créé mon profil avant notre diplôme universitaire pour que nous puissions rester en contact, et je l’utilisais à peine), tout cela me mettait mal à l’aise.
Je souhaitais me détacher de WhatsApp à ce moment-là, mais j’avais tous mes amis et ma famille dessus, ainsi que certaines entreprises. Je savais que tout le monde ne serait pas aussi dérangé que moi par le transfert de propriété et, même si je pouvais convaincre mes proches, je ne pouvais pas convaincre une nation entière ni une culture.
Utiliser WhatsApp durant les premiers mois après cet achat avait un goût amer
Cependant, cette vente s’est progressivement estompée dans ma mémoire. Tous les quelques mois, un événement rappelait l’implication de Facebook avec WhatsApp, provoquant de nouveau un sentiment de malaise, avant que je n’apprenne à l’ignorer. Même lorsque WhatsApp modifiait ses politiques, j’acceptais avec toute la réticence et la résignation du monde.
Puis, les co-fondateurs de WhatsApp quittaient Facebook, et l’affaire Cambridge Analytica éclatait, suivie de nombreux autres scandales impliquant Facebook. Avec un peu de recul, et sachant que je n’appréciais objectivement pas la situation mais que je restais malgré tout sur WhatsApp, je réalisais lentement que ma relation avec le service surpassait toute autre relation que j’avais avec des applications et des services de messagerie sur mon téléphone.
WhatsApp représente bien plus qu’une simple application pour moi; elle s’inscrit dans ma vie réelle
WhatsApp ne se résume pas à une application pour moi, c’est le moyen par lequel je communique avec tous ceux que j’aime. Elle contient des photos et des messages vocaux de ma grand-mère décédée, mes premières flirts avec celui qui est désormais mon époux, et chaque moment fort et difficile que j’ai traversé durant les années tumultueuses de 2019 à 2021, alors que l’économie de mon pays s’effondrait, que la COVID-19 frappait, que la moitié de Beyrouth explosait, que je fermais ma pharmacie et que je déménageais en France. WhatsApp faisait partie intégrante de chaque aspect de ma vie réelle, que je le veuille ou non. On ne peut pas simuler une telle émotion avec une application.
Avec le temps, je remarquais également que WhatsApp ne se détériorait pas, du moins, pas autant que d’autres réseaux sociaux et messageries. Jusqu’à aujourd’hui, le service reste, pour l’essentiel, sans publicité, contrairement à la plaie qu’est Instagram (une autre grande acquisition sociale de Facebook). Aucun fil d’actualité algorithmique non plus. Vous contrôlez vos contacts, qui peut vous joindre, qui voit vos photos, avec quelles communautés WhatsApp, chaînes et entreprises vous communiquez, quels groupes peuvent vous inviter, etc. Vous bénéficiez également du chiffrement de bout en bout sur plusieurs appareils. Tout compte fait, dix ans plus tard, il semble que WhatsApp ait échappé au pire de Facebook.
Et enfin, l’application est encore là
Et d’une certaine manière, Facebook lui-même a récemment entamé une sorte de parcours de rédemption. Oh, je ne suis pas du tout convaincu que tout cela soit fait de bonne foi, mais c’était amusant de voir les gens encourager Threads face à X, par exemple, ou préférer le Meta Quest 3 à l’Apple Vision Pro. Regardez comme nous sommes tombés bas pour choisir le moins pire entre deux très mauvaises options. Mais je m’égare.
Ce que je veux dire, c’est que malgré tout ce qui semblait douteux il y a 10 ans à propos de cet accord, les choses ne se sont pas avérées aussi mauvaises que nous l’avions tous imaginé collectivement en 2014.
Aujourd’hui, Telegram et Signal sont là, mais ils jouent un rôle secondaire dans ma vie, et je ne clignerais pas des yeux si je perdais l’accès à eux à l’instant même. WhatsApp, en revanche ? C’est ainsi que je parle à mes parents et à ma tante restés au pays, et cela, mes amis, dit tout.
